Les menaces pesant sur les populations de tortues sont nombreuses et bien connues. Captures accidentelles, collisions avec les bateaux, disparition des herbiers aquatiques… Mais voilà que ces animaux font face aujourd’hui, et de plus en plus si l’on en croit les travaux de Thibault ROOST et Jo-Ann SCHIES publiés en Juin 2022, et après une décennie d’efforts et de données récoltées par Damien CHEVALLIER sur les populations de tortues vertes Chelonia mydas en Martinique, à une menace à ajouter à la funeste collection : la fibropapillomatose (FP).
Cette maladie potentiellement mortelle, caractérisée par la formations de tumeurs essentiellement (mais pas seulement) localisées sur les parties antérieures de l’animal telles que les yeux, le cou, ou les nageoires antérieures, se répand au sein des populations martiniquaises et menace alors la conservation même de l’espèce à l’échelle mondiale.
C’est le constat dressé par cette étude : après avoir suivi 10 ans durant 405 tortues vertes capturées et marquées à l’aide d’un transpondeur (petit outil électronique porteur d’un signal et permettant de suivre, après potentielle recapture, un animal dans le temps et l’espace) et visuellement diagnostiqué la maladie sur ces individus, Thibault ROOST et Jo-Ann SCHIES ainsi que leur équipe ont pu mettre en évidence le rôle de la densité de populations sur la propagation de la maladie, les liens spatiaux entre les différents sites martiniquais abritant des tortues malades, et le lien (toutefois très ténu) entre la qualité de l’eau (et donc l’activité humaine) et la diffusion de la FP.
Comprendre cette maladie, les facteurs aggravant, et sa diffusion spatiale et temporelle, est aujourd’hui un enjeu majeur, que se devront de prendre en compte les futures politiques de conservation de l’espèce.
À suivre donc…
Roost et al. (2022), Fibropapillomatosis Prevalence and Distribution in Immature Green Turtles (Chelonia mydas) in Martinique Island (Lesser Antilles), in EcoHealth
Comments